Intro
J’avais promis un article sur la série Dans Mes Baskets, mais il n’y en aura pas.
Hormis vous raconter comment je gère une douleur tenace au tibia, et des footings où j’alterne de moins en moins la course et la marche.
Je n’ai rien d’autre à dire. Pas de quoi envoyer un mail quand le contenu des séances tient en 2 lignes
Peut-être que je ferai un article directement sur Substack pour parler uniquement de la manière dont je soigne mes périostites.
À la place, je vais vous parler d’un autre truc qui en ce moment est tout aussi sportif, la gestion de mes émotions.
Des semaines que je tourne en rond dans mon studio qui me sert de bocal.
Puis, après une douche qui s’est révélée une fois de plus être une source d’inspiration.
Je me suis dit qu’après tout, ce qui a le plus occupé mon esprit ces derniers temps, c’est ce torrent d’émotions que je ressens et tente d’appréhender.
Elles ne sont plus noires ou blanches, ce qui est une nouveauté, alors j’ai décidé de vous en parler, par pair.
La frustration et la fierté, puis le doute et la satisfaction, parce que c’est devenu impossible de tout dissocier.
Bonne lecture
Parce que c’est un sujet important pour moi, que j’ai appris à en parler, mais qui vous sera peut-être inconfortable, la première émotion qui sera abordée est la tristesse liée au deuil.
La tristesse
Un gros morceau de mes derniers mois, j’y étais préparé pourtant, mais la secousse a été plus violente qu’attendue.
La raison est simple.
Ce 24 avril, marquait les 10 ans de la disparition de mon père.
Je suis un nostalgique, ces dates anniversaires me font du mal, remuent le couteau dans la plaie.
Cette année, le couteau devait faire la taille d’une machette.
Parce qu’avec cet « anniversaire », il y a le mien, d’anniversaire.
10 ans que je me fais petit à cette date, que je disparais, que je pose ma journée au travail quand je le peux.
Pour esquiver des attentions certes très bonnes, mais que je suis incapable de recevoir tant ma tête est restée à ce vendredi soir de 2015.
Un numéro inconnu, le son d’une voix qui me fait comprendre que quelque chose de grave est arrivé, des appels à passer, des larmes, beaucoup de larmes.
Qui aujourd’hui ne sortent plus.
10 ans, c'est l’occasion de faire le bilan ; qu’est-ce que j’ai fait, où j’en suis dans ma vie, et si cela n’était pas arrivé ?
Autant de questions qui viennent arroser d’essence un feu d’émotions.
Je me fais du mal en faisant ça.
Je le sais.
Après tout, c’est ma manière de vivre avec ce deuil.
Parce que ce vide laissé par le cycle de la vie allait me détruire, cette année, mon cerveau a fait le choix de vivre plusieurs semaines en état de crise1.
Cette fois-ci bien plus sournoise et longue que par le passé.
Dissociation, crises d’angoisse, contrôle permanent, c’était le gros du contenu de cette crise qui a duré plusieurs semaines.
Mais cela est derrière moi maintenant, jusqu’à l’an prochain.
Parce que parmi mes lecteurs certains traversent cette horrible période, je tiens à vous adresser tout mon soutien, je ne comprends que trop bien ce que vous pouvez ressentir.
Peut-être que ce sujet du deuil, j'en parlerai dans un article dédié, mais je ne sais pas si j’y suis prêt.
Fierté et frustration
Une histoire de marathon
Avril marquait aussi ce fameux marathon de Paris, une histoire qui a démarré en 2024, qui s'est aussi arrêtée en 2024, mais pas pour tous.
Parce que j’avais eu la bonne idée d'embarquer mon meilleur ami dans cette histoire, lui est allé au bout.
Le 13 avril il s'est élancé sur Les Champs Élysée pour faire ses 42,195 km.
J’étais sûrement plus stressé que lui cette semaine, et même sur la ligne de départ, j’avais plus envie que lui de faire le pipi de la peur.
Mais avant ça, il faut aller récupérer le dossard.
Un long chemin de croix pour moi.
Voir des centaines de personnes contentes d’être ici, fières d’être arrivées au bout d’une prépa plus ou moins longue et difficile.
Un mélange de colère, de frustration, de jalousie.
J’aurais dû faire partie de ces personnes heureuses d’être là, mais la dépression en a décidé autrement.
Sur le moment, difficile de penser à autre chose.
Une seule phrase tourne en boucle : « est-ce qu’un jour, j'aurai le droit à ce bonheur-là ? »
Aujourd’hui, avec un mois et demi de recul, ma frustration du moment est plus que légitime.
Mais :
Il y a une chose dont je dois être fier : c’est d’avoir remonté la pente.
6 mois en arrière, j’étais amorphe, à pleurer devant mon assiette parce que manger était au-delà de mes forces, j’ai traversé des soirées à me demander si la vie valait la peine d’être vécue.
La réponse, c’est oui.
La fierté, je l’ai rarement ressentie aussi forte que ce dimanche d’avril.
Voir François franchir la ligne, ensemble, parce que je l’ai accompagné sur les 4 derniers kilomètres, de le voir content d’être arrivé au bout de l'épreuve, de terminer ses 6 mois de prépa’
Il y a un an, il ne courait pas 100 mètres !
Comment ne pas ressentir une fierté immense à ce moment-là.
Ses 4 derniers kilomètres ont aussi été très utiles pour moi, parce que ça faisait des années que je n’avais pas couru autant !
Surtout, sans douleur !
Sur le moment, quand j’ai proposé mon aide pour la fin, je me suis dit « nique sa mère la périostite, si je ne cours pas pendant 3 mois j’en ai rien à foutre ».
Que nenni, je n'ai pas eu mal, enfin moins qu’après 10 fois une minute de course, une minute de marche.
La raison était simple, mes footings, je les cours bien trop vite !
Alors, je me suis empressé de reprendre la course au rythme sur lequel on a couru ; c'est-à-dire à 8 minutes du kilomètre.
Périostite un jour, périostite toujours
Avec cette précieuse information en poche : courir, VRAIMENT lentement.
J’ai court-circuité le programme de la clinique du coureur et demandé à mon kiné’ pour la nouvelle marche à suivre.
C’est avec fierté que je peux vous annoncer que je cours de nouveau 30 minutes sans m’arrêter… et plusieurs fois dans la semaine !
Cela ne s'était pas produit depuis plusieurs années.
Toutefois, je dois toujours dealer la douleur, quelle frustration bordel.
Ça m’énerve, je dois tout le temps y faire attention.
Bon, je force peut-être un peu sur l’attention, appuyer comme un débile pour vérifier si mon tibia me fait mal, c’est conseillé nulle part.
C’est une source de frustration permanente, parce que je n’ai qu’une envie ; c’est de recourir sans être obnubilé par cette blessure.
Je passe chacune de ses minutes de footing à scanner mon corps, à savoir si j’ai mal ou non.
Alors c’est super pour mon kiné, pour ce qui est du plaisir de courir, on repassera.
Mais je suis fier de moi, je m’écoute, je ne grille pas les étapes, je suis progressif, j’adapte.
Des mots qui ne faisaient pas partie de mon vocabulaire il y a peu.
Parmi ces petites victoires, il y a la régularité que j’ai commencé à retrouver.
Voilà 5 semaines que je ne déroge pas de mes 3 footings et de ma séance de renforcement.
Doute et satisfaction
Un cheveu dans la soupe
Cela fait maintenant un peu plus d’un an que je tiens cette newsletter, et 29 publications plus tard, je suis satisfait de ce que j’ai produit.
Oui, mais.
Il y a peu, en discutant, on m’a fait une remarque, et depuis celle-ci tourne en boucle.
J’y pense à chaque fois que je suis derrière le clavier ; cette seule et unique remarque vient remettre en doute ce que j’ai fait.
Alors que parmi mes lecteurs, certains m’ont témoigné leur plaisir à me lire, d’autres m’ont même remercié !
Par mon discours qui veut banaliser les problèmes d’ordre psychologique, elles ont pu consulter un psychologue, accepter de demander de l’aide.
On m’a même complimenté sur ma façon d’écrire !
Alors qu’il y a 4 ans, quand je parlais de copywriting à ma copine de l’époque, la première chose qui lui venait, c’était de se moquer.
Certes, mon style n’est pas des plus académique, mais je m’en fous, et je me dois de vous faire une confession.
J’ai arrêté les cours de français en 3ᵉ.
Un grand merci à l’éducation nationale pour qui les filières professionnelles prédestinent les étudiants à juste utiliser leurs mains et pas leur cerveau.
Alors quand on me dit que je suis agréable à lire, que c’est facile d’aller au bout d'articles qui se lisent en 10 minutes, j’en tire une énorme satisfaction.
Je vous remercie pour vos messages, ça me fait me sentir utile et ça, c’est la sensation qui me fait le plus de bien ces derniers temps.
C’est fou qu’un seul message arrive à me gangréner à ce point.
Le doute, c'est cette graine qui est là, qui parfois se fait oublier, mais repousse au moindre rayon de soleil que l’on vient lui donner.
C’est la dose qui fait le poison
Satisfaction comme doute, à trop grosse dose, c’est la sortie de route
S'il y a bien un sujet qui m’empoisonne la vie en ce moment, c’est l’écriture.
Je doute de tout.
De chaque idée, de chaque paragraphe.
Alors oui, j'écris, des ébauches, mes tiroirs en sont remplis, puis quand vient la phase de polissage, c’est la catastrophe.
« Putain qu’est ce que je raconte encore comme merde »
C’est à demi vrai.
Ses brouillons ne sortiront jamais, mais il transpire quelqu’un de perdu, quelqu’un qui doute.
C’est humain de se poser des questions, ça l’est moins quand c’est du matin au soir.
Ça affecte ma vie entière.
J’ai beau sortir des TCA, reprendre le sport régulièrement, il n’y a pas un jour où je ne pense pas à tout supprimer pour tout recommencer.
Je suis arrivé à un plateau plutôt stable, malgré la crise racontée au début.
Je ne vois plus forcément le progrès de jour en jour et c’est difficile de me satisfaire parfois de choses simples.
C’est le doute qui prend le dessus en ce moment, et je l’admets, il me fait peur.
La joie
Parce que celle-ci, je n’ai plus besoin de la nuancer, je sais l’apprécier à sa juste valeur.
Il y a eu dans toute cette intensité émotionnelle, des moments de joie qui m’ont marqué.
Ceux qui me suivent sur Instagram l’auront vu passer, je suis un fan inconditionnel du PSG, et que dire de cette saison.
Le sport fait partie intégrante de ma vie.
Alors quand l’équipe que je supporte, remporte la Ligue des champions et de cette manière ! Cela ne peut me rendre qu’heureux.
Au rayon des exploits sportifs, la victoire de Johann Zarco, en Moto GP, durant le grand prix de France m’a presque arraché une larme, de voir autant d’émotion en si peu, c’était intense.
C’est avec de la joie, et aussi un brin de malice, que je vous annonce que je me suis inscrit pour le prochain marathon de Paris.
Je sais, je sais, je sais.
J’avais dit que j’attendrais, mais parce que je ne peux pas écrire des pages non plus sur la frustration, j’ai trouvé suffisamment d'excuses pour me dire que le tenter en 2026 : c’est raisonnable.
Affaire à suivre !
Parmi les annonces, je peux aussi vous dire que le prochain article ne sera pas pour moi.
C’est un mélange d’excitation, d’un chouille de peur, mais je suis content de me dire que je vais avoir une portée plus grande sur un sujet qui me tient autant à cœur.
Conclusion
Vous l’aurez compris, ces dernières semaines sont intenses.
Avec la prise de recul que m’apporte l’écriture, je suis heureux de voir que je sors la tête de l’eau.
Ça me permet de constater les progrès que j’ai faits grâce aux mois de thérapie passés, je devrais plutôt dire années.
Même si le doute me mène la vie dure, j’ai compris qu’il y a une chose que le doute ne supporte pas : le mouvement.
Faire plutôt que d’alimenter le monstre que devient l’hésitation.
Et toi, est-ce qu’il y a une émotion qui revient souvent en ce moment ?
Définition d’une crise borderline : Une crise borderline est un épisode ponctuel et intense de détresse émotionnelle, marqué par des réactions impulsives, un sentiment d’abandon extrême, une colère explosive, un vide intérieur, ou des comportements autodestructeurs. Elle survient souvent en réaction à un événement perçu comme un rejet, une trahison ou un abandon.
C’est très bien écrit 🙂