Intro
Depuis 2 semaines, je suis incapable d’écrire, c’est la première fois que je touche le fond de cette façon.
La dépression, ma copine du moment, a décidé de me faire un marquage à la culotte.
Elle me scotche au lit, bâillonne mon esprit, j’ai découvert ce que c’est de ne plus pouvoir aligner 3 pensées à la suite.
Pleurer en faisant des pâtes, car, je cite « putain, c'est trop dur, j'en peux plus de cette merde ».
Commencer une nuit à 14h.
Est-ce que de l’eau ça compte comme un repas ?
Voir si j’ai du courrier, c'est une activité physique ou pas ?
Rester de marbre devant l’UFC Paris alors que normalement, je suis debout devant la télé prêt à en découdre, avec personne.
Même la musique, mon remontant miracle, ne fonctionne plus.
J’ai hésité à demander de l’aide à ma famille, demander à partir chez eux, le temps de mon arrêt.
Hors des crises d’angoisse démentielles, j’ai honte de moi-même, d’être une épave, incapable de sortir de mon lit.
C’est à un point où je me dis que personne ne pourra comprendre ce qui se passe à ce moment-là dans ma tête.
Mon corps, ma tête, ne se cache plus, même en tirant le frein à main au bon moment, le mur, je l’ai pris de plein fouet.
Qu’est-ce que ça me dégoûte d’en arriver là, des années à travailler sur moi-même, m’investir corps et âme pour chasser ce monstre qui m’a mené la vie dure.
Visiblement, ce salopard a décidé de roder une nouvelle fois près de ma porte.
I have a dream
Poser ma dem’
Voilà, c’est dit : inutile de tourner autour du pot, j’y pense déjà depuis le lycée.
Des rêves de gagner au loto, envoyer chier tout le monde, faire le tour du monde.
Actuellement, si je fais ça, je ne vais pas plus loin que la porte de St-Cloud.
Je vais devoir revoir mes ambitions à la baisse, pas pour le tour du monde, pour claquer ma dem’.
J’ai mis les 2 pieds dans le plat. Il faut dire les choses telles qu'elles sont, je m'ennuie… depuis 15 ans.
Déjà depuis le lycée, j'en ai marre, cette vie m’ennuie.
Je me suis clairement trompé d’orientation, j’ai un amour inconditionnel pour les voitures. C’est cliché, mais dès que ça a des roues, un moteur, que ça fait plus de bruit qu’un aspirateur, j’ai toujours des yeux d’enfants.
Pourquoi je ne me suis pas orienté dans ce secteur-là ?
À la maison on a fait un aménagement de combles, j’ai filé un coup de main pour l’électricité. J'ai trouvé ça cool, du coup, je me suis dit pourquoi pas ?!
Je n’avais pas les notes pour une filière générale de toute façon, alors direction le bac pro’ électrotech’
Plusieurs fois, ma mère m’a dit « je n'ai jamais compris pourquoi tu n'es pas parti dans les bagnoles, je t’aurais bien vu concessionnaire ».
Moi non plus, maman, je n'ai pas compris.
Mais, quand je t’ai annoncé fièrement, en 2020 que je voulais vendre des bagnoles, tu m’as ri au nez « n’importe quoi, en plus, c’est la crise, ne fais pas ça » et là non plus je n'ai pas compris.
Parce qu'entre-temps, j’ai découvert une facette de ma personnalité que je ne connaissais pas.
Je suis bien plus à l’aise que ce que je croyais pour parler en public, mieux, j’aime ça.
Longtemps, j’ai joué avec cette image du garçon hostile, le regard disant : « pourquoi tu me parles connard ? », la nonchalance incarnée.
Je suis resté sur cette image, qui dans le fond cachait plus de la timidité qu’une méchanceté de naissance.
Puis je suis parti au front, en devenant chargé d’affaires. Les premiers mois, je me suis caché derrière des mails bien ficelés. J’ai dû prendre mon téléphone, pour régler les problèmes plus rapidement, devoir présenter des projets, quelques fois mal engagés.
J’y ai vu un jeu, si j’ai commencé en bégayant, le premier en gueule de bois même, j’ai fini par aller aux rendez-vous les mains dans les poches.
Comme quoi, écouter les conseils des autres, parfois même de ses parents, ce n’est pas la meilleure des idées.
Je n’ai pas confiance en moi
C’est toujours d’actualité, il n'y a pas une journée où je ne doute pas, que ce soit de ce que j’écris, de mon apparence ou si j’ai une vie de merde.
C’est mon pain quotidien, en plus de ça, j’ai une fâcheuse manie ; me soucier du regard et de l’avis des autres.
On y vient au cœur du problème.
Si mon corps m’envoie autant chier, c’est que je ne vis pas la vie que je veux.
J’ai laissé les autres, le regard des autres, prendre trop de poids dans les décisions que j’ai prises pour ma vie professionnelle.
Pour la reprise d’études, personne ne m'a mis le couteau sous la gorge pour rester dans le domaine de l’électrotechnique.
La raison « j’ai un BAC, je ne vais pas foutre 3 ans d’études en l’air quand même ».
Cette peur du non-retour sur investissement.
Tout n’est pas à jeter, loin de là, j’ai eu de bonnes expériences, des mauvaises, comme les rencontres.
Mais il est temps d’accepter ce qui se passe en ce moment.
Je suis arrivé à la fin de mon livre, celui de ma vingtaine, je l’ai abordé dans le dernier carnet de seum. Je veux faire mes propres choix.
Manque de bol, dans la vie d’adulte, il y a des contraintes, donc ma lettre de démission, je vais la laisser maturer encore un temps indéterminé.
L’oseille
Ah l’argent, ça m’a longtemps obsédé, je n'irai pas jusqu’à dire que je m’en fous maintenant, loin de là.
Toutefois, mon point de vue sur le sujet a changé ces dernières années.
Si j’étais obsédé par l’argent, c’est pour l’image de la réussite que ça renvoie. J’aime les beaux objets, c’est vrai, surtout les signes de richesse extérieure.
Quand il s’agit de travail, j’ai 2 choses qui me viennent en tête :
Ne pas finir comme mon père, qui se plaignait de sa journée de travail avant même d’être parti
Avoir une Porsche avant mes 40 ans, parce que mon père n’a pas pu l’avoir.
La première, je pense que je le bats haut la main, je me retrouve à écrire sur le sujet un samedi soir. Ce n’est pas une volonté de dévaloriser sa vie, j’ai des souvenirs de lui précis, déjà ado, je me faisais cette réflexion, que si c’est ça la vie d’adulte, c’est nul.
Pour la 2e, j’ai eu une révélation, un jour de 2022. En partant au bureau, avec une envie plus prononcée de me couper le moyen d’engendrer une descendance, que de badger dans l’ascenseur pour aller dans mon sublime bureau avec vue sur la tour Eiffel.
En sortant de l’immeuble, il y a une Porsche, Targa GTS, rouge. Sublime.
Je rêve de cette voiture. Je me suis fait cette réflexion « est-ce que je serai plus heureux d’aller au bureau avec ça ? »
La réponse est simple, non.
Je suis redescendu d’un étage ce jour-là.
Ce que je veux, ce n’est pas d’étaler ma réussite. C’est d’aimer ce que je fais.
Ce n'est pas le cas, ça n’a jamais été le cas en vérité.
C’est un triste constat, je ressemble à mon vieux, la première chose que j’attends, ce sont les jours où je ne travaille pas.
À tel point que j’en suis devenu une caricature, devenant de plus en plus cynique lorsqu’il s’agit de parler de ce que je fais.
Comme d’habitude, j’en rigole, je me suis construit une belle façade, et l’étiquette du Calimero de service, elle est encore bien accrochée.
Sauf que Calimero, aujourd’hui il est cloué au lit, incapable de se lever, pas parce qu’il a une flemme digne d’un casseur flowteur.
Non parce qu’il est vide.
Calimero est mort
Destin tragique pour ce vilain petit canard. Mais c’est ainsi.
Cette phase dépressive est passagère, le moins longtemps possible, j'espère.
J’ai reçu le message 5/5.
Le costume de Calimero, je vais le brûler.
Je n’en peux plus de cette image qui me colle à la peau, c’est curieux de dire ça en se plaignant.
Celui du raleur-branleur-pessimiste.
Ses 3 mots, indépendamment utilisés, pourraient me correspondre. Ce sont les 3 ensemble qui ne me vont plus.
Je suis devenu cette caricature, car j’ai fait une succession de choix.
Ils ne sont pas mauvais en soi, si je les ai faits, c’est qu’à un moment j’ai jugé que c'étaient les bons.
Mais j’arrive toujours au même résultat.
Passé la phase d’euphorie du début, je m’ennuie et je deviens ingérable.
C’est pour tout le monde que ça devient un calvaire.
La facilité serait de tout foutre sur le dos de ma santé mentale.
Borderline ou TDAH, même combat l’instabilité, c’est au quotidien.
Plutôt que de chouiner sur mon sort, je vais prendre ça en compte pour les années à venir.
Je sais ce que je ne veux plus
J’ai eu la chance de faire une multitude d’entreprises. En revanche, je crois qu’une chose est certaine, je veux sortir du domaine dans lequel je suis.
Je ne vais pas me tirer une balle dans le pied en le disant ici, l’électricité à proprement parler, je pense prendre ma retraite dans le domaine.
On m'appelait Flash, pas parce que j’allais vite, non, parce que j’en ai fait brûler du matos.
Au-delà de mes erreurs d’étourderie, c’est pour moi que j’ai peur, l’électricité c’est dangereux et je n’ai plus confiance dans ce que je fais.
D’un point de vue purement travail, c’est un peu plus compliqué à expliquer, alors plutôt que de faire une tirade pour me justifier.
Je veux bosser pour moi, je veux que les résultats, dépendent de moi.
C’est une utopie, je le sais.
La méritocratie et la justice sont 2 choses qui n’existent pas.
Par contre, ce que je sais, c’est que tout se paye un jour, dans le bon comme dans le mauvais sens.
Travail = Bagne
Je vous épargne l’origine du mot travail, peu importe ce qu’elle est, pour moi, c'est synonyme de faire quelque chose qui m’emmerde.
C’est ça le problème, je suis un contrarié de nature. Je commence à me connaître et dire que j’ai un problème avec l’autorité, c’est un doux euphémisme.
La même tâche, si elle est suggérée ou imposée, vous allez avoir affaire à une personne différente.
C’est un comportement de gamin, tout à fait.
Plutôt de lutter contre le gosse colérique qui a décidé de s’amuser avec le truc qui me sert de cerveau.
Je vais changer les règles du jeu, créer mon propre jeu.
Je ne veux plus que le travail soit ce truc qui me casse les couilles, de 8 à 17 parce que c’est comme ça, j’ai plus envie de ça.
Certains feront la moue et se diront « oui, mais dans la vie on fait pas toujours ce qu’on veut ».
Juuuuure ? la vie d’ta mère ?
Je n’ai pas la recette miracle pour vivre de ce que j’aime du jour au lendemain, et cela passera par beaucoup de travail.
Mais je veux changer ma définition du travail, répéter une tâche qui me plait pour devenir meilleur, ça, ça m’excite.
J’ai le sentiment d’avoir fait le tour du salariat, j’ai un Bac +3 et c’est un statut bâtard.
Certaines entreprises le reconnaissent, mais attendent les résultats d’un ingénieur, évidemment, sans la paye qui va avec.
D’autres vous collent un plafond de verre, vous n’atteindrez jamais certains postes car vous n’avez pas le graal, le master.
C’est bon, stop.
J’ai un diplôme, des compétences dans tout un tas de domaines, je ne suis pas manchot, je trouverai toujours de quoi remplir mon frigo.
Mais voir 5 ans passés sans évoluer, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, déjà bien rempli depuis longtemps.
Je suis lucide, je n'ai pas forcément eu les bonnes attitudes non plus pour gravir l’échelle sociale. Il faut dire qu’en plus de mes sautes d’humeur légèrement problématiques, je ne suis pas du genre à mâcher mes mots. Là-dessus, je ne peux en vouloir qu'à moi-même.
Alors ? Qu’est-ce qu’on fait ?
On ne va pas démissionner déjà.
Bien que je critique le système dans lequel je suis, à mon compte, prendre une dépression en pleine tronche comme en ce moment, la charge mentale ne serait pas la même.
Je vais gentiment remettre le pied à l’étrier, essayer de comprendre les rouages pour me sortir de cette situation, parce que je l’avoue, là, je ne rigole plus trop sur le sujet.
Puis enfin me bouger. Prendre la peur et lui botter le cul
Je l’ai vu avec le blog, en repoussant l’échéance, je commence à comprendre comment je fonctionne. Quand la peur est présente, c’est généralement que je suis sur la bonne voie.
J’ai eu le même sentiment pour les voix off, les premières publications ne sont pas parfaites, mais qui a déjà sorti une masterclass pour sa première fois ? Personne.
Plutôt que de voir ma santé mentale comme une faiblesse, je vais la voir comme une force maintenant.
Je me connais autrement mieux qu’il y a 3 ans, quand j’ai commencé mes délires entrepreneuriales à la marche ou crève.
J’ai compris que ça n’allait pas fonctionner de cette façon, pas chez moi du moins.
Ce n'est pas un avantage, faut peut être pas déconner non plus.
Réduire la cadence
Plutôt que de m’acharner à être partout, je vais réduire le rythme de publication ici.
Mon frigo ne se remplit pas grâce à vous, ce n'est pas le but non plus.
Je vais me concentrer sur l’écriture, c’est mon obsession du moment. Je vais me jeter quelques fleurs, quand je vois certaines productions, je n’ai absolument rien à leur envier.
Simplement, je mettrai bientôt mes compétences rédactionnelles à vendre.
J’ai la possibilité d’avoir une micro-entrepreprise sur le côté, si je peux au moins mettre à profit mes insomnies, ce serait beau.
Le verre, je dois le voir à moitié plein plutôt qu'à moitié vide.
Je songe sérieusement à me faire tatouer un godet pour me le rappeler à chaque moment de doute.
Oui, des choses ne me plaisent pas dans ma situation actuelle, c’est un fait. Ce qui me pèse, ce n'est pas ce que je fais, c’est l’image que j’ai construite autour de cette situation.
Et surtout, surtout, arrêter d’écouter les conseils de tout le monde, prévenant du moindre risque.
La peur, je l’ai déjà dans mes baskets depuis longtemps, alors on va la chasser, petit Calimero va devoir arrêter d’être un froussard.
Bien que je sois plus raisonné, moins coup de tête, j’ai besoin d’être un peu plus con, d’oser.
C’est comme ça qu’on les reconnait parait-il, ça ose tout les cons.
Entre un con et un peureux, j’ai bien envie d’en essayer des choses.
Conclusion
Ironiquement, cet article signe la fin d’une partie de ma vie, sans le savoir, le chapitre a débuté avec ce blog.
Je ne vais pas attendre le premier janvier pour changer, de toute façon ça a déjà commencé. Parfois en sortant de chez moi, je vois des cadres sortir des bureaux à 20h, je me dis « jamais de la vie, je veux cette vie-là ». Puis je me retrouve parfois à bosser sur un texte en pleine nuit ou aux aurores, peut-être qu'eux ça ne les fait pas rêver ?
J’ai décidé de me foutre de ce que les gens penseront de mes choix de carrière, personne n’est à ma place.
Si je veux que ma vie change, c’est à moi de me tirer les doigts.
Des excuses, j'en ai trop longtemps trouvé, pour me retrouver incapable de me faire à manger, parce que j’ai laissé des pensées me dicter mon quotidien.
Ça sonnera peut-être un peu trop motivation, mais je m’en fous, je m’estime déjà miraculé d’avoir cette réflexion sur moi-même. Alors le reste, balek.
Je pense que ça suffit pour cet article parti un peu dans tous les sens.
Et toi ? Comment te sens-tu dans ton travail ?
Plein de courage pour tout ce que tu veux entreprendre et merci pour cette lettre sincère et intime 🥰
Un peu en retard pour commenter mais ce texte m'a fait écho. Ce sentiment que chaque jour se ressemble et s'assemble dans une longue liturgie mortuaire. Les regrets, le pragmatisme mais aussi l'espoir. Timide mais assez prédominant pour nous redonner une pointe d'oxygène dans ce brouillard. Je suis moi même en processus de démission pour bosser à mon compte. Je me cherche. Je me trouve. Surtout sur ce que je ne veux pas. Et surtout sur mes rêves d'artiste. Merci pour cet instant de sincérité brut.